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Climat et Volcans
24 janvier 2014

LE KUWAE

Le KUWAE 

 

KUWAE - CARTE

 

Le Kuwae est une caldeira sous-marine qui se situe par 16.83° de latitude Sud et par 168.54° de longitude Est dans l’actuelle République de Vanuatu. Elle fait partie de l’arc insulaire des Nouvelles-Hébrides dans une zone de convergence où s’affrontent deux grandes plaques continentales : la plaque Australienne et la plaque Pacifique. Dans cette région du globe, la plaque Australienne se déplaçant en direction de l’Est fait subduction sous les îles Salomon et le bassin nord-fidjien à une vitesse variant entre 9 et 16 cm/an. Au Vanuatu, de nombreux volcans résultent de cette subduction avec du nord au sud : le Vanua Lava, le Santa Maria, le Mere Lava, l’Aoba, la caldeira d’Ambrym, le Lopevi, les volcans d’Epi, le Kuwae, les îles d’Efaté, d’Erromango et de Tanna.

 

La zone volcanique du Kuwae est délimitée par les îles d’Epi (au nord-ouest) et de Tongoa (au sud). Au nord-est, les îles Tevala et Laika et au sud-sud-ouest, l’îlot de Fatumiala marquent le bord de cette caldeira, longue de 12 kilomètres et large de 6 kilomètres.

 

Le centre de la caldeira de Kuwae est occupé par un volcan sous-marin : le Karua, un cône basaltique d’environ 1 km3 qui est entré en éruption plusieurs fois au cours du XXe siècle. Le sommet de ce volcan affleure actuellement à une dizaine de mètres sous la surface de l’Océan Pacifique. A plusieurs reprises (1897-1901, 1925, septembre 1948, décembre 1949, septembre 1959, février 1971 et 1974), le Karua est sorti de l’océan pour donner naissance à une île éphémère dont la durée de vie n’a guère excédée quelques mois.

 

Deux bassins sous-marins, séparés par le Karua, composent la caldeira du Kuwae : l’un, au nord-ouest est situé à une profondeur de 450 mètres, l’autre au sud-est atteint une profondeur de 250 mètres. Ces deux bassins se situent très probablement à l’aplomb de deux cônes volcaniques qui devaient relier les îles d’Epi et de Tongoa avant l’éruption de 1452-1453. Ainsi, avant cette catastrophe, ces deux îles n’en formaient en réalité qu’une seule.

 

L’éruption de 1452-1453 a débuté de façon classique, le volcan présentant une alternance d’explosions stromboliennes et phréatomagmatiques. Les laves émises durant cette période ont été identifiées comme étant des andésites basaltiques. Cette première phase éruptive a certainement duré plusieurs mois avant que de l’eau (pluies tropicales ou eau de mer) ne réussisse à rentrer en contact avec le magma. Les deux séquences éruptives suivantes, qui ont pu se produire en seulement quelques jours, vont voir la montée d’un magma dacitique avec des explosions de nature phréatomagmatique de plus en plus violentes. Des dépôts d’ignimbrites témoignent de la violence de ces deux phases éruptives qui vont s’achever par la formation d’une caldeira après l’effondrement successif des bassins sud-est et nord-ouest. Les légendes de Vanuatu font état de deux survivants : un jeune garçon, qui plus tard devait organiser la recolonisation des îles Shepherd, ainsi qu’une jeune femme.

 

Les scientifiques ont estimés à 6 l’indice d’explosivité (VEI) de cette éruption qui a probablement rejeté entre 32 et 39 km3 de magma, voire 60 km3 selon certains auteurs. Une quantité considérable de dioxyde de soufre a été propulsée dans la stratosphère. En moyenne, les glaces du Groenland ont conservés de cette éruption un dépôt de 45 kg de SO4/km2 et celles de l’Antarctique un dépôt estimé à 93 kg de SO4/km2. A titre comparatif, l’éruption du Tambora en 1815 aurait déposé 50 kg de SO4/km2 au Groenland et 59 kg de SO4/km2 en Antarctique. Le Kuwae détient sans doute le record volcanique de ces 700 dernières années au niveau de la quantité d’aérosols émis lors d’une seule éruption, avec des dégradations climatiques certaines, dont on trouve des témoignages en Chine et en Turquie.

En 1453 il y aurait eu environ 10000 personnes qui seraient mortes gelées dans les provinces chinoises. Au sud du fleuve du Yang Tsé Kiang, dans une région au climat habituellement semi tropical, il neigera pendant plus de 40 jours. La mer de Chine, quant à elle, charriera des blocs de glace jusqu’à 20 kilomètres du rivage.

 

A des milliers de kilomètres de là, au cours des mois d’avril et mai 1453, la ville de Constantinople est assiégée par les Turcs Ottomans menés par le sultan Mehmet II. Durant cet épisode tragique, assiégés et assaillants vont apercevoir de nombreux phénomènes étranges et interprétés comme des signes de mauvais augure. Des témoins de l’époque évoquent des levers et des couchers de soleil anormalement rouges et qualifiés de sinistres. Le 22 mai 1453, ils assistent durant 4 heures à une éclipse lunaire au cours de laquelle la Lune devint rose. Les écrits de l’époque relatent également un orage violent, accompagné de grêle qui va provoquer des inondations dans la capitale byzantine alors qu’une procession était en train de s’y dérouler. Enfin, des phénomènes lumineux et inexpliqués, similaires à des feux et des incendies, vont être observés dans des secteurs non affectés par les combats. L’actuelle cathédrale Sainte-Sophie d’Istanbul en fut la victime, une lueur intense rappelant un gigantesque incendie s’étant élevée tout autour de son dôme. Pourtant, cet édifice n’a jamais brûlé.

 

Durant cette même période, le gel a endommagé de nombreux arbres dans l’hémisphère nord (on note ces traces d’hivers rigoureux par la dendrochronologie) sur les chênes britanniques entre 1453 et 1455, sur les cyprès chinois entre 1453 et 1454, sur les arbres finlandais et français entre 1453 et 1457 et sur des pins nord-américains en 1453.

 

En Allemagne, les vendanges des années 1453 à 1456 donnèrent un raisin de mauvaise qualité. En France, à la fin de la guerre de cent ans (1453) qui correspond à la date de l’éruption du Kuwae, les terres en Normandie ont été désertées, la population amputée de plus d’un tiers et même par endroit de moitié par rapport au niveau de 1328, ainsi que l’effondrement général de la production. Toutefois à partir de cette date l’économie rurale de la Normandie va repartir peu à peu, mais les mauvaises conditions atmosphériques font peser sur le pays une nouvelle disette, c’est ainsi qu’en avril 1456 on rapporte la décision d’un seigneur du Conseil de Roi à Rouen conforme aux réclamations de la ville d’arrêter l’exportation des blés pour l’Ecosse, la Bretagne, la Flandre, etc… à cause de la grande cherté, contre l’exportation des blés, inquiétude causée par la persistance des pluies…. Les « retombées du Kuwae seraient-elle passées par là ? »

 

Prix des grains à Paris :

 

1450

1451

1452

1453

1454

1455

1456

1457

1458

1459

0.75

100

0.52

0.42

0.44

104

134

113

0.73

101

Nous constatons une sérieuse augmentation en 1456.

 

 

 

Population rurale en Normandie Orientale : (Evolution du nombre en valeur indice)

 

1400

1410

1420

1430

1450

1460

1470

1480

1490

1500

50

65

32

40

30

20

25

25

45

52

Nous constatons qu’entre les années 1450 et 1460 l’indice de la population diminue.

 

Conclusion :

Nous connaissons bien maintenant l’ampleur de l’éruption du Kuwae, mais il reste difficile d’apprécier son incidence sur le climat et sur la démographie française.

 

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