En 1815, le volcan Tambora situé en Indonésie fut le théâtre d’une formidable éruption qui projeta dans l’atmosphère plus de 100 km3 de produits soufrés qui sont à l’origine d’un refroidissement presque planétaire l’année suivante. Pour le Canada, la Nouvelle-Angleterre et toute l’Europe de l’Ouest, l’année 1816 fut une « année sans été ».

La Normandie connut elle aussi un « temps de chien » pendant deux années consécutives. Dans le Journal de Rouen, on ne parla que de mauvaises récoltes, d’inondations très importantes faisant d’énormes ravages. La crise de subsistance provoqua un commencement de révolte en Normandie. La démographie fut affectée, on constate une certaine diminution des naissances, des mariages et plus de décès.

Dans les numéros de Lave de décembre 1999 et janvier 2000 O. et G Weecksteen ont fait une étude sur l’éruption du Tambora et des répercussions climatiques en France. Il s’agit pour nous d’apporter quelques éléments de réflexion complémentaire à cette étude. En reprenant la crise des subsistances en Seine-Inférieure en 1817 de J. Vidalenc, les différentes maladies régnant à cette époque, la description de la crise dans le canton de Fayence, et une description d’une pneumonie à Lignères et autre maladies en Seine-Inférieure.

La crise des subsistances en Seine Inférieure en 1817 :

(J. Vidalenc)."Le printemps de 1816 fut médiocre, un été pluvieux et humide a contribué à réduire le rendement des cultures, amenant une hausse du prix des céréales. La spéculation en faveur de ceux qui avaient les moyens de s’y livrer, des fermiers disposant de granges assez grandes pour abriter leurs récoltes, des réserves financières leur permettant de ne pas se presser pour amener leurs grains au marché. Les blattiers, meuniers et intermédiaires de tous genres, sans oublier les boulangers qui se mirent très vite de la partie et la spéculation accentua encore le mécontentement dès le début de l’automne 1816."

Le prix moyen du blé passait de 22.20 F l’hl le 1er trimestre à 28.27 F le second et à 32.03 F au cours du 3e et à 33.21 F pour le 4e trimestre (il s’agit de moyenne) Les prix étant très variables selon les endroits. Par exemple à Neufchatel 36.59 F l’hl et à 31 F à Forges les eaux. La hausse est pratiquement générale. Elle restait parfois modérée comme à Rouen où le prix moyen du blé pour le mois atteignait seulement 37.12 F alors qu’à Yvetot elle passait de 35 F à 42 F l’hl. En juin 1817 on constate le point culminant de la crise, à Rouen l’hl vaut 50.46 F et 54.19 F à Doudeville. Un renversement de tendance a lieu en juillet. La baisse est presque générale.

Au début de l’automne les premiers blés de la récolte de 1817 arrivent sur les marchés, l’effet des importations se faisant sentir, en septembre le blé coûtait 26.25 F l’hl à Rouen. Les prix des autres denrées alimentaires restant très variables. Le 21 décembre 1816, le Préfet remet en vigueur les dispositions de l’arrêté du Parlement de Normandie du 11 août 1785 n’autorisant que la fabrication du pain de 3e qualité. (cf ADSM M subsistances 1817 différentes lettres des autorités) Les manifestations de mécontentement populaire n’allaient pas cesser pendant des mois. Le Préfet fait preuve d’un bel optimisme, malgré que les fabriques aient congédié un assez grand nombre d’ouvriers, il pense que la récolté a été assez bonne, que les blés venant de l’étranger vont faire baisser les cours. Enfin que la cherté diminue la consommation. Il aurait du ajouter que les intempéries avaient diminué les rendements tout en retardant la moisson.

La main d’œuvre est débauchée au cours du 3e trimestre 1816, la quantité de laine tissée dans le département s’élève à 321.000 kg mais tombe à 223.000 kg pour le 4e trimestre et en 1817 à 262.000 kg pour le 1e trimestre, 231.000 kg au cours du 2e trimestre et 255.000 pour le 3e trimestre 1817. Cette réduction de production amène la misère.

En mer la pêche des harengs, ressource de beaucoup de villages du littoral,n'est pas bonne. On avait déjà constaté ce même phénomène lors de l'éruption du Laki en 1783, le hareng a tendance  à déserter les côtes normandes, on constate un réchauffement de la mer, donc un ralentissement de la production du zoo plancton nourriture du hareng.

Un rapport de police affirme, dès le mois de novembre 1816 que le peuple souffre à Dieppe. Le Sous Préfet fait un appel à la charité et incrimine l’excessive cherté des grains, l’intempérie des saisons, la stagnation du commerce et le défaut de pêche. Son collègue d’Yvetot souligne lui aussi les rendements médiocres de la pêche qui amène la misère autour de St Valéry. Au Havre on souligne la gravité de la situation, outre la mauvaise récolte, à peine la moitié des subsistances qui seraient nécessaires pour attendre la nouvelle récolte, ainsi que le marasme des autres formes d’activités.

Un autre phénomène augmente l’inquiétude : les achats effectués pour une région dont on craint la disette, par les blattiers, les négociants ou les spéculateurs. Dès le 5 décembre le Préfet avait signalé au Ministre que cette pratique accroissait le malaise, « Pontoise et la Picardie qui fournissaient autrefois les approvisionnements de plusieurs de nos marchés et particulièrement la ville de Rouen, venaient depuis trois mois acheter dans nos halles » (ADSM M subsistances 1816/17) En décembre l’orge arrivant au Havre était réexpédiée vers l’Irlande.

Les pauvres recouraient à la mendicité traditionnelle. Les premiers mendiants semblaient être apparus dès le mois d’octobre 1816 dans la région de Dieppe, secteur névralgique. Une bande de vingt quémandeurs était repérée à Ouville la Rivière, ils avaient exigé du grain d’un meunier et d’un cultivateur. On arrêtait des gens, il y avait un tisserand de 58 ans. D’après le Maire de Cany « la garde nationale refuserait de marcher pour protéger les cultivateurs contre le peuple qui paie le blé 60 F. Faire venir des troupes étrangères c’est faire de notre pays une nouvelle Vendée. On devait s’attendre que le peuple qui depuis neuf mois souffre de la cherté énorme des subsistances, qui a attendu patiemment la récolte, puis les semailles, puis la fin de tous les prétextes. Qui n’a rien fait encore que de murmurer quand le blé valait 100 F serait à bout de toute sa patience quand il verrait qu’au commencement de janvier le prix de son pain augmenterait de manière effrayante…. » (le Maire de Cany sera destitué pour avoir soutenu une politique de taxation)

A Rouen un boulanger craint d’être attaqué en se rendant à Pavilly parce que une partie des habitants de communes avoisinant la forêt de la Valette sont attroupés sur la route avec des bâtons. On surveille aussi la Seine, c’est ainsi qu’en juin un bateau est attaqué devant Duclair par les riverains. Le chef des pillards dit qu’ils ne cesseront leur désordre que lorsque le pain sera à 3 sous, il valait alors 9 sous, soit trois fois plus.

On estime au moins à une soixantaine d’incidents, bandes de mendiants, agressions de convois, manifestations aux halles. Les effectifs varient de quelques individus à plusieurs centaines et parfois même à des milliers. Il y aura beaucoup de jugements prononcés par les tribunaux ainsi que de nombreuses condamnations. Il fallut se contenter pendant un certain temps du secours des bureaux de bienfaisance dont les disponibilités étaient limitées. Dans celui de Rouen on enregistre pour toutes ressources 21000 F donnés par la ville, 20000 F par le théâtre, et 3000 F de dons de rouennais. On avait dû porter les secours à 6000 F par mois pour assurer 2 kg de pain par semaine aux familles de 7 ou 8 enfants. Les vieillards de plus de 60 ans avaient 1kg de pain la semaine. Le nombre d’enfants abandonnés passait de 870 en 1815 à 1055 en 1817, puis 1147 pour l’ensemble du département et pour Rouen de 801 à 845. Les secours attribués par le gouvernement demeurent insatisfaisants en face du grand nombre de nécessiteux.

Il faudra attendre le premier trimestre 1818 pour qu’une hausse sensible des subsistances se fît sentir enfin. Les prix restaient élevés mais la confiance était revenue et des mesures de police affirmaient leur efficacité. Depuis le 16 janvier 1818 le prix du pain qui coûtait à Rouen 5 sous la livre baisse de façon significative. Il ne vaut plus que 3 sous 3cts. Le Procureur Général qui signalait cette amélioration du sort de la population en soulignait l’insuffisance : « c’est encore trop sans doute par rapport à l’état d’épuisement dans lequel se trouve la classe la plus nombreuse, aussi toutes les consommations sont-elles notablement diminuées . Un grand nombre d’ouvriers sont encore occupés, mais leurs salaires sont tombés si bas qu’ils n’ont pas de quoi se nourrir eux et leurs familles ». Ce personnage écrivait cela au mois de mars 1818, le relèvement avait donc été long, laborieux et médiocre.

Description de la crise des subsistances à Fayence (var) :

La Mairie de Fayence a conservé des archives bien fournies pour cette période du 19e siècle. On y trouve en particulier une nombreuse correspondance entre le Maire et le Préfet ainsi que les actes de la Préfecture du département du Var. Ce chef lieu de canton de 280 habitants a traversé la crise frumentaire de 1816 à 1818 avec de nombreux soubresauts. Le lecteur trouvera ci-dessous différentes correspondances échangées entre le Maire Fayence et le Préfet ainsi que des circulaires et arrêts préfectoraux concernant cette période fort troublée.

Lettre du 7 septembre 1816 : Le Maire informe le Préfet que la récolte est médiocre, mais toutefois supérieure à celle de 1815. Par contre les céréales secondaires, et la récolte de fruits font défaut, il craint également que les raisins ne mûrissent pas, la saison étant déjà avancée est froide.

Lettre du 5 novembre 1816 : Le nombre des enfants trouvés actuellement à la charge de l’hospice est de 20. Ces enfants sont élevés dans différentes communes du canton et non dans la maison de l’hospice ; il peut « fournir livraison » de 2 à 3 enfants trouvés par année.

Lettre du 3 décembre 1816 : Les semailles cette année n’ont pas été entièrement été faites dans les proportions ordinaires à cause de la cherté des grains dans toutes les communes du canton. Elles ont été contrariées par les pluies de la fin d’octobre et du début novembre qui ont occasionné la perte d’une partie de la semence. Les froids qui sont survenus ensuite ont retardé la germination.

Lettre du 7 décembre 1816 : Le Conseil Municipal a versé une somme de 800 F pour employer les indigens pendant la saison rigoureuse à la réparation des chemins vicinaux.

Lettre du 2 janvier 1817 : Le Percepteur éprouve les plus grandes difficultés à recouvrer l’impôt à cause de la privation des récoltes, la cherté excessive des denrées de première nécessité, le manque de travail de la classe ouvrière, sont des motifs insurmontables pour accélérer les recouvrements… tellement la misère est grande.

Lettre du 7 janvier 1817: au capitaine de la Garde Nationale : Le Maire demande de fournir un piquet de six hommes pour garder l’Hôtel de Ville, après les délits qui viennent de ce produire la nuit précédente (il s’agirait de trois boutiques qui ont été ouvertes et dans lesquelles on a volé quelques comestibles).

Lettre du 8 juin 1818 : Le Maire informe le Préfet des mesures de salubrité qu’il a pris pour combattre la maladie qui n’a pas augmenté. Les rues sont propres et lavées toutes les semaines, et déblayées des ordures. On fait des feux les soirs devant les maisons

Lettre du 11 septembre 1818 : Le Maire signale au Préfet que la petite vérole s’est manifestée dans la commune qu’elle a atteint différents sujets qui avaient eu la vaccine. Heureusement elle n’a pas fait de victimes jusqu’à ce jour.

Lettre du 19 septembre 1818 : La récolte de 1818 a été inférieure à celle de 1817 quoique les apparences la faisaient fort belle.

Arrêté préfectoral n°222 en date du 20 novembre 1816 : Relative aux moyens d’assurer l’existence de la classe ouvrière et indigente et au maintien des lois sur la libre circulation des grains. Le Préfet analyse une situation qui à ses yeux est trop pessimiste sur les besoins de la population. Toute fois il met à la disposition des communes une somme importante pour la réparation des chemins vicinaux par les gens qui faudra secourir au cours de l’hiver.

Arrêté préfectoral n° 237 du 8 décembre 1816 : Prescrivant des mesures pour faciliter l’approvisionnement des marchés et assurer le maintien de l’ordre et de la tranquillité pendant les jours de leur tenue.

Circulaire préfectorale n° 340 du 1er juillet 1817 : Portant invitation aux maires de prendre des mesures pour réprimer le vagabondage.

Circulaire préfectorale n°353 du 14 août 1817 : Concernant les renseignements que les maires doivent fournir sur les récoltes en grains de l’année 1817.

Circulaire préfectorale n°387 du 12 décembre 1817 : Par laquelle on rappelle les dispositions des arrêtés des 22 décembre 1815 et 21 décembre 1816 qui prescrivent des patrouilles des gardes nationaux à l’effet de prévenir les délits.

Lettre du Préfet du 4 décembre 1817 : Demandant au Maire de Fayence de lui rendre compte d’un acte de brigandage effectué par 3 hommes dans la commune de Fayence.

Circulaire préfectorale du 23 juillet 1818 : Engageant les administrateurs des hospices à mettre le plutôt possible en nourrice les enfant apportés à leur hospice. En 1817 il y a eu 220 enfant abandonnés (il n’est pas précisé si c’est pour tout le département du Var) la mortalité s’élève à 117, ce qui excède des ¾ et justifie que les enfants soient envoyés le plutôt possible à la campagne, et éloignés des hôpitaux dont l’aire leur est presque toujours funeste.

Lettre du Maire au Préfet du 31 Mai 1818 au sujet d’une épidémie sévissant à Fayence : ….le nombre des morts dans ma commune ne s’élève depuis le mois de janvier qu’à 36. Il meurt ordinairement de 80 à 90 personnes par an, ce qui n’excède pas la proportion ordinaire pour les 5 mois écoulés. Les personnes de l’art que j’ai consulté pensent généralement que les fièvres régnantes sont essentiellement constitutionnelles. Elles ont été d’abord catharrales, vermineuses, ensuite putrides avec tendance à la malignité (ces appellations étaient déjà employées par le Dr Lépecq ) Il n’existe en ce moment que 2 à 3 cas sérieux. On compte qu’il a été enlevé 10 personnes depuis le mois de février. Si elle prenait un caractère plus dangereux je ne manquerais pas de vous en rendre compte. (NB. Il est mort à Fayence en 1816 : 91 ; en 1817 : 62 et en 1818 : 96)

Fayence_-_demographie.jpg

Dans une ville de moyenne importance comme Fayence, pour le début du 19e siècle, nous voyons qu’indirectement l’éruption du Tambora a eu son lot de victimes par un accroissement des maladies endémiques à l’époque. Les décès sont supérieurs aux naissances de 65 %.

recolte_soie_fayence.JPG

En ce concerne la récolte de la Soie à Fayence on constate en 1817 que la récolte est la plus faible sur 8 ans. (Les feuilles du mûrier ont du subir les mauvaises conditions atmosphériques) Quant aux prix c’est 1818 l’année la plus chère.

Quelques maladies épidémiques relevées au Havre : épidémie de dysenterie :

le docteur Vingtrinier, médecin des épidémies nous apprend qu’en 1817 et 1818 se manifesta au havre une affection épidémique qui fit de grands ravages. "Les symptômes étaient douleurs dans les membres, perte de forte, anxiété précordiale. Ensuite borborygmes (gargouillements), nausées, éructations, vomissements de matières bilieuses verdâtres, douleurs violentes irradiant dans les lombes, le siège, le scrotum. Constipation opiniâtre ou bien diarrhée liquide abondante. Soif vive, bouche sèche, amère urines rares, brûlantes. Crises nerveuses semblables aux crises épileptiques. Le plus souvent terminaison heureuse mais convalescence longue. Les membres reprennent difficilement leur vigueur. On peut rapprocher cette maladie de la colique du Poitou observée en 1616."

A quelle rapporter cette colique épidémique, l’auteur raconte que les huîtres furent accusées, elles auraient été contaminées par les latrines de la garnison toute proche. On incrimine aussi l’oxyde de cuivre venant du doublage des navires. Mais ce n’es pas pour Vingtrinier la cause exacte car l’épidémie s’est étendue à Fécamp, Bolbec, Lillebonne, Yvetot. La cause la plus probable serait dans les alternatives brusques et fréquentes de la température qui eurent lieu dans ces deux années. Il s’appuie sur les observations du Dr Guepratte, chirurgien major de la marine, faites à Cayenne, aux Antilles, au Sénégal, à Bourbon, à Madagascar ou les bouleversements atmosphériques sont fréquents. Ce chirurgien a observé aussi que plus souvent que tout autre, les marins que leurs occupations forcent à changer de température brusquement sont violemment affectés.

Vingtrinier adopte donc la cause assignée à l’épidémie de 1817 et 1818 et cite l’assertion d’un homme qu’il dit remarquable et profond observateur à la fin du 18e siècle : le Dr Lépecq de la Cloture qui parlait à son époque de la colique endémiques des normands, la rapprochant de la colique de Poitou, passant en revue les causes qu’on lui attribuaient, le mélange de la litharge au cidre, l’aspect de la Normandie et son voisinage de la mer, les pluies, les brouillards, les intempéries fréquentes… Lépecq estime que l’épidémie est autant bilieuse, et catarrheuse, hémorrhoïde et goutteuse que végétale et minérale.

Epidémie de péripneumonie en 1816 à Lignieres la Doucelle (Mayenne) par le Dr Lemercier :

Le docteur Lemercier Médecin des épidémies à Mayenne décrit une épidémie de pneumonie ayant frappé la commune de Lignières la Doucelle ayant fait mourir quarante personnes en 12 ou 15 jours. Cette commune est située à 10 lieues de Mayenne. Elle a 2500 habitants. Elle est traversée par de petites rivières. Le sol est ingrat et ne produit qu’à force de travail, aussi toute cette contrée est pauvre. Les maisons sont mal bâties, celles surtout qui avoisinent les landes peu cultivées, ne sont que des huttes faites en terre, un mauvais toit largement ouvert pour le passage de la fumée et une porte basse.

Dans ces demeures sombres sont entassées des familles nombreuses exposées alternativement au froid et à l’humidité de l’atmosphère. Presque tous les hommes vont chercher du travail hors leur commune. Les femmes cultivent un peu de terre presque stérile et s’occupent de leurs enfants. La terre est pauvre, le froment n’y vient point, le seigle peu, seule la pomme de terre vient assez bien. Les habitants ne nourrissent mal, mangent toute l’année du pain de sarrasin et des pommes de terre. Ils ne boivent que de l’eau ou de l’eau de vie. La classe aisée boit du cidre et mange pour toute viande du lard salé.

Constitution médicale des mois d’avril et de mai :

Mois d’avril : Pendant ce mois l’air a été alternativement humide et sec, des vents violents ont soufflés, les rigueurs de l’hiver ont reparu dans la dernière quinzaine. Le contraste du soleil chaud et de l’atmosphère humide et froide a occasionné beaucoup de maladies. On a eu des fluxions de poitrines, des pleurésies, des catarrhes, des rhumatismes, des fluxions, des éruptions cutanées, des apoplexies et des maladies nerveuses.

Mois de Mai : le printemps a semblé revenir mais après quelques beaux jours l’air s’est à nouveau refroidi, l’atmosphère est devenu humide, des plus abondantes ont eu lieu à diverses reprises, des vents impétueux se sont élevés, les affections aiguës de la poitrine qui semblaient avoir fait place aux maladies bilieuses ont reparu.

Causes présumées de la maladie et de la mortalité : Les causes de la maladie paraissent dépendre de la disposition particulière des individus, de leurs mauvaises nourritures, de leurs logements peu salubres, de leur exposition presque naturelle aux changements brusques de la température et par l’air peu salubre de leur logis.

Description de la maladie :

Les malades éprouvent pendant plusieurs jours une toux légère, ils perdent l’appétit, la bouche devient amère, pâteuse, le soir il survient des frissons et même quelque fois un froid assez vif suivi de chaleur et de petites sueurs dans la nuit. Bientôt une douleur de côté lancinante, dypnée et expectoration, d’abord muqueuse ensuite les crachats de viennent glutineux, épais jaunâtres et plus ou moins sanguinolents suivant l’intensité de la maladie…

. Traitement :

Je faisais appliquer des sangsues sur le côté chez les malades dans la force de l’âge et qui crachaient du sang, afin de désengorger le tissu capillaire du poumon. Ensuite je faisais vomir avec l’émétique en lavement. Ordinairement j’en donnai un grain dans une pinte d’eau de veau ou de petit lait. Après les vomissements l’oppression diminuait quelque fois même disparaissait en entier. La respiration devenait plus facile. Je donnai des lavements émollients. Je permettais le bouillon aiguisé d’oseille. Vers la fin de la maladie qui avait lieu qui avait lieu du 9e au 14e jour je prescrivais un purgatif doux pour achever d’entraîner les derniers sabures des voies digestives….

La maladie commença à se montrer dans la commune de Lignières vers le 15 avril. Le 27 lorsque j’arrivai dans la commune il y avait 40 individus de morts ou mourants. Depuis ce temps jusqu’à la fin du mois de mai j’ai traité dans cette commune 61 personnes, 2 sont morts. Il eu en tout 101 personnes de malades, 42 ont succombé, et 59 sont guéries. Il n’a pas été possible de faire l’ouverture des corps des morts".

                                                                                                                                    Mayenne le 1er juin 1816 Dr Lemercier

 

En 1818 de violentes tempêtes sur l’Europe :

Dans le journal de Rouen en 1818 nous constatons la narration de nombreuses tempêtes sur terre et sur mer qui ont fait de nombreux naufrages et beaucoup de victimes, hommes et oiseaux. C’est ainsi qu’en mars 1818 on écrit que les tempêtes qui viennent de se produire ont rejeté sur la côte un nombre prodigieux de cadavre d’oiseaux de mer. Ce même mois, le dernier ouragan en Angleterre a occasionné d’importants dégâts. Sur la Seine et l’Oise un grand nombre de bateaux ont éprouvés des dommages considérables. De Bruxelles ont cite le nombreux naufrages en mer et les côtes sont couvertes de cadavres et débris de vaisseaux.

En Mars 1818 l’expédition anglaise dans les mers boréales, du fait que la température plus douce fait fondre les glaces, cherche le passage de l’atlantique à l’océan Pacifique.

Constatation de la mortalité française par l'Ined (Instiut National d'études démograrphiques au cours des années 1811-1820 :

 (en 1814 on a une épidémie de typhus)

ined_mortalite_francaise.jpg

Conclusion  :

L’éruption gigantesque du Tambora a provoqué la mort de plus de cent mille personnes et des bouleversements climatiques ressentis les années suivantes. Le climatologue anglais Michael Chenoweth a consulté les nombreuses archives du Muséum Naturel de Londres, notamment les journaux de bord des navires de la Marine anglaise, véritables stations météo itinérantes. Il a cherché à comprendre ce qu’il s’était passé en mer pendant cette période. Le volcanologue Haraldur Sigurdsson a effectué des fouillages dans le voisinage du volcan et a découvert un village enfoui dans les cendres qu’il exhume peu à peu. Ca serait selon lui la Pompéï de l’Asie.